Nécrologie
de Carlos Menem
Carlos Menem, son décès
Carlos Menem, président argentin de 1989 à 1999, est décédé le 14 février 2021 à Buenos Aires. Il était hospitalisé depuis plusieurs mois pour des problèmes cardiaques et rénaux. Carlos Menem était connu pour sa ligne présidentielle ultralibérale. Il avait 90 ans.
Carlos Menem, de partisan à la présidence
Carlos Menem est né le 2 juillet 1930 à Anillaco, en Argentine. D’obédience musulmane, il se convertit au catholicisme et poursuit des études de droit à l'université de Córdoba. Partisan du président déchu Juan Perón, il intègre le Parti justicialiste en 1956. Il participe à une manifestation qui vise à ramener ce dernier au pouvoir, ce qui lui vaut quelques mois d’emprisonnement. À sa sortie de prison, il reprend les bancs de l’université et obtient son diplôme de droit (1958). Il devient conseiller juridique auprès d’un syndicat dans la province de La Rioja. Il y est élu en tant que gouverneur en 1973. Un poste qu’il perd en 1976 à la suite d’un coup d’État. Il est alors assigné à résidence jusqu’en 1981. Une fois la démocratie rétablie dans le pays, il est de nouveau élu gouverneur en 1983. Durant ce second mandat, il participe à la réformation du Parti justicialiste et octroie des avantages fiscaux aux entreprises. En 1988, il remporte la primaire présidentielle du parti. Puis, en 1989, il est élu président de l’Argentine. Son mandat est marqué par une politique économique ultralibérale et la convertibilité de la monnaie argentine en dollar. Cette politique favorise les investissements étrangers, permettant ainsi au pays de sortir de la récession et de l’hyperinflation, malgré un taux de chômage élevé. Mais, ces décisions ont pour conséquence de creuser les inégalités sociales qui mènent à l’endettement des foyers argentins. C’est également au cours de ce premier mandat qu’a lieu l'attentat de l'AMIA (Association mutuelle israélite argentine) en 1994. À la suite de la réforme de la Constitution interdisant deux mandats successifs, Carlos Menem est réélu président de l’Argentine en 1995. Il reste à ce poste jusqu’en 1999. Ce second mandat voit de nouveau l’économie de l’Argentine chuter, notamment en raison de la baisse de la valeur du dollar.
Carlos Menem, l’après présidence
L’après présidence de Carlos Menem est marquée par différentes accusations. D’abord en 2001, il est accusé de vente illicite d’armes à destination de la Croatie et de l'Équateur, mais aussi d’avoir ordonné l'explosion d'un arsenal de l'armée argentine, en 1995, pour éliminer les preuves de ce trafic. S’il est reconnu coupable des faits, la peine n’est pas appliquée en raison de son immunité parlementaire. En 2007, il fait de nouveau le sujet d’une enquête pour corruption dans le cadre de l'attribution de la concession de l'espace radioélectrique national au groupe français Thales. Puis en 2009, pour entrave à la justice concernant l’attentat de l'AMIA. Mais, Carlos Menem n’est jamais condamné. Il se présente de nouveau aux élections présidentielles de 2003, au cours desquelles il arrive à la première place à la fin du premier tour. Il se retire du second laissant ainsi la victoire à Néstor Kirchner, à qui il va cependant s’opposer farouchement en devenant membre de Frente Justicia, Unión y Libertad (FREJULI). Entre-temps, en 2005, il est élu sénateur. Il est systématiquement réélu jusqu’à son décès, malgré les affaires judiciaires le concernant. Il a pour mission notamment de défendre des positions anti-avortement. Carlos Menem est condamné en 2015 pour corruption, mais n’effectue pas sa peine, toujours en raison de son immunité parlementaire.
Carlos Menem fut une victime de la dictature en Argentine pendant laquelle il subit des persécutions. Pourtant, en 1990, il accorde l’amnistie présidentielle aux criminels militaires. Carlos Menem fut volontiers associé au « miracle argentin » et considéré comme un président jet-setter. Il s’était fait plus discret depuis qu’il avait été élu sénateur.